Merci pour ce
commentaires qui a le mérite de la clarté et qui interroge avec
franchise le rôle des publications scientifiques françaises. Je suis d'accord avec vous sur plusieurs points, mais pas tous...
Il
est vrai que les publications scientifiques de haut niveau doivent
l'être dans des revues indexées qui sont toutes en anglais. C'est la
garantie d'être évalué de manière rigoureuse, d'être lu
internationalement et de figurer dans les bases de données
bibliométriques. C'est la recommandation que je donne à tous mes
chercheurs. Toutefois, même entre les revues internationales,
il existe une hiérarchie. Elle dépend de leur Impact factor, mais aussi
de leur degré d'exigence (degré d'originalité, multiplicité des études
présentées...). Certaines revues indexées en anglais ne sont pas d'un
niveau scientifique plus élevé que des journaux français.
Je reste persuadé qu'il existe
une place pour des publications scientifiques originales en français.
Elle concerne principalement les études appliquées comme le
développement et la validation d'outils de mesure, les interventions
thérapeutiques... Souvent ces études portent sur des outils et des
méthodes développés en français. Des articles de cette nature ne peuvent
pas être publiés en anglais. Mais, en français, ces études doivent
présenter toutes les garanties scientifiques nécessaires. Par ailleurs,
la science n'est pas qu'expérimentale. Des études épidémiologiques
françaises, des méta-analyses... sont aussi des travaux scientifiques
qui peuvent trouver place dans des revues françaises. Bref, je défends
l'existence de revues scientifiques françaises qui s'adressent aux
chercheurs comme aux praticiens. Les articles qui y sont publiés ne
visent pas une renommée internationale , ni un
impact factor. Ils visent
à communiquer de manière rigoureuse le fruit de recherches plus locales
et plus appliquées. Je suis persuadé que nombre de ces articles ont un
impact sur les pratiques non négligeable. Par contraste, un grand nombre
d'articles publiés dans des revues internationales ont un
impact factor
= 0, comme vous le savez...
XXXX
Ma réponse
Cher collègue,
Je vous remercie pour votre réponse. Nous sommes d'accord sur bien des
points, j'ajoute quelques commentaires supplémentaires ci-dessous.
Toutefois, même entre les revues internationales, il existe une
hiérarchie. Elle dépend de leur Impact factor, mais aussi de leur degré
d'exigence (degré d'originalité, multiplicité des études présentées...).
Certaines revues indexées en anglais ne sont pas d'un niveau
scientifique plus élevé que des journaux français.
Vous avez tout à fait raison. Ceci dit, ce qui me paraît essentiel dans
les revues anglophones, plus que leur niveau scientifique présumé
(parfois à tort) supérieur à celui des revues dans d'autres langues,
c'est qu'elles sont lisibles par 100% des chercheurs du monde. Il
m'arrive aussi de produire des travaux dont l'importance est clairement
limitée, mais qui ont le mérite d'exister, et qui doivent être publiés,
ne serait-ce que parce qu'un jour quelqu'un pourrait avoir l'idée de
refaire une expérience similaire, ou pourrait vouloir faire une
méta-analyse, et il serait dans ce cas important qu'il puisse prendre
connaissance de mes données. Pour cela il suffit qu'elles soient
publiées dans n'importe quelle revue anglophone correctement indexée,
quel que soit son niveau d'exigence. Dans une revue non anglophone, je
crains bien que mes données ne passent totalement inaperçues et donc ne
contribuent pas du tout à la Science.
Je reste persuadé qu'il existe une place pour des publications
scientifiques originales en français. Elle concerne principalement les
études appliquées comme le développement et la validation d'outils de
mesure, les interventions thérapeutiques... Souvent ces études portent
sur des outils et des méthodes développés en français. Des articles de
cette nature ne peuvent pas être publiés en anglais.
Je suis aussi d'accord avec vous sur l'existence de cette "niche" pour
des articles scientifiques en français d'intérêt local. Mais je pense
que cette niche est en fait très restreinte. La littérature
internationale a aussi besoin de savoir ce qui se passe dans d'autres
langues que l'anglais (dans le domaine de la lecture et de la dyslexie,
la prédominance des travaux portant sur l'anglais est une préoccupation
majeure). Beaucoup de travaux portant sur des outils ou des
interventions en français pourraient et devraient être publiés dans des
revues internationales. De tous les articles de type scientifique et
d'une certaine qualité publiés actuellement dans les revues
francophones, il me semble que seuls une petite minorité sont d'intérêt
suffisamment local pour ne pas devoir être publiés en anglais.
Pour tenir compte de vos remarques et de l'existence de cette niche, je
suggèrerais alors d'avoir dans XXXX deux sections bien distinctes, la
première de taille réduite pour les articles scientifiques de qualité
mais d'intérêt local, la seconde, prédominante, pour les articles de
transfert des connaissances vers les professionnels. Les deux sections
devraient alors faire l'objet de définitions très claires, avec une
explicitation des exigences (différentes) affichées pour l'expertise des
deux types d'articles. Quant aux descriptions de cas purement cliniques,
elles ne rentrent dans aucune des deux catégories et je ne suis pas sûr
qu'il faille leur en ouvrir une dédiée.
Cordialement,
Franck Ramus